Le bleu est une couleur puissante, presque magnétique. Il se décline en une infinité de nuances, du bleu profond des abysses au bleu pâle des cieux d’hiver, chaque tonalité vibre d’une énergie propre.

Il évoque la rêverie, l’infini, la légèreté. Il nous relie à notre planète bleue, à ses mers, ses océans, à son ciel mouvant et à l’oxygène que nous respirons.

Le bleu devient ici une plongée silencieuse dans les profondeurs de la Nature, une exploration de ses ressources et de ses équilibres fragiles.

À l’occasion de l’exposition collective « Une bouffée d’Oxygène : Le Bleu » à Viry-Châtillon, Six œuvres sont présentées. Certaines sont des abstractions du paysage, d’autres sont plus littérales et offrent une véritable immersion sous-marine. Toutes interrogent notre rapport au territoire, traduisent une sensibilité écologique, ou se présentent comme des objets de contemplation.

Ce cyanotype abstrait est une exploration sensible du contraste entre matière et géométrie. Il est réalisé en mélange avec des encres et de l’aquarelle sur papier qui évoque cette vague bleue s’élevant vers le ciel. Les sels de fers du cyanotype sur un papier de coton révèlent des bleus intenses. Sur cette surface vivante, des lignes blanches brodées tracent des formes géométriques en zigzag, suggérant une chaîne de montagnes. Un arc circulaire et une pleine lune flottent dans la partie supérieure, comme des fragments célestes. La combinaison de ces matières crée une tension entre le geste précis du fil et le hasard des fluides bleus.

Le cobalt de l’aquarelle et le bleu de Prusse du cyanotype fusionnent ici en une œuvre plus concentrée et plus intime. Le bleu devient un passage plus frais et lumineux, une fenêtre s’ouvre dans la nuit à travers une carré Azur.

La broderie, toujours présente, structure cette énergie fluide. Le fil blanc dessine les contours, souligne les marges, tisse les frontières. Le bleu est contenu sans être figé. Il palpite entre ces deux feuilles superposées, comme une lumière retenue. Ainsi, les nuances de bleu circulent d’une feuille à l’autre.

Cette oeuvre abstraite évoque une cartographie poétique où la fonte des glaces polaires est observée depuis le ciel. Les lignes noires et blanches dessinent des contours rappelant les fractures et les crevasses de la banquise en train de disparaître.

La partie inférieure, baignée de nuances bleutées, représente l’eau issue de la fonte, contrastant avec les zones grisées et texturées qui traduisent les masses glacées résiduelles du cercle polaire.

Les matériaux utilisés sont des cendres mélangées à de la peinture acrylique créant des gris veloutés et texturés. Cette matière, organique issue de la combustion, souligne la fragilité du manteau blanc qui recouvre ces territoires extrêmes et sensibilise à l’impact du réchauffement climatique sur ces paysages en transformation.

Des Corbs (poissons de Méditerranée) glissent dans cette composition, entre zones nettes et floutées, suggérant le mouvement et la profondeur. Leur nage est suspendue dans ce bleu de Prusse milieu de vie et territoire vivant.

Les bords du support, rehaussés à la main par de la peinture acrylique, encadrent la scène et intensifient le bleu central. Le papier Fabriano, 100 % coton, accueille le cyanotype avec une stabilité et une absorption idéale, renforçant la matérialité du bleu.

Ce passage sous-marin prépare la descente vers les abysses, où le bleu se fait cartographie.

Des bleus plus profonds révèlent des paysages sous-marins qui abritent tout un petit peuple. Les formes verticales évoquent les feuilles souples des posidonies, une plante à fleur Méditerranéenne fragile et foisonnante. Dans cet habitat, des espèces discrètes adeptes du camouflage, comme la Rascasse, Sabelle et Flabelline se glissent à travers les ombres et lumières.

Cette œuvre est réalisée avec la technique du cyanotype sur papier, elle est réhaussée par de la gouache blanche et d’encre. Le blanc de la gouache souligne les nervures, les reflets, les silences. Le bleu de Prusse intensifie les profondeurs.

Divers matériaux et photographies personnelles ont été utilisés pour créer des effets de flous et donner cette sensation de naviguer avec un regard en immersion.

Cette œuvre explore le bleu des abysses dans sa densité électrique, non plus comme un ciel ou une surface aquatique, mais comme une matière tectonique minérale. Ces mélanges nuancés de bleus sur ce relief sculpté évoquent les strates invisibles des dorsales océaniques, là où la lumière ne pénètre plus, et où le bleu devient nuit.

Une toile de coton rigide a été collée sur une toile montée sur châssis et rendue rigide. Les bords irréguliers débordent de la toile, permettant d’apprécier la matérialité brute du support et de rompre avec le cadre conventionnel. Ce débordement volontaire invite le regard à sortir du format et à considérer l’œuvre comme une surface vivante, en expansion, où le bleu semble se propager au-delà des limites imposées.

Ainsi, ce bleu abyssal vu de haut avec ses nuances et textures invitent à une lecture du paysage en trois dimensions, là où une géologie sensible, formé e de plis, de crêtes et de lignes diagonales, cartographient ce fond marin englouti.